30 août 2015

David Altmejd et son œuvre

Les Éditions Dimiani ont publié un livre luxueux et volumineux sur les œuvres produites de 1998 à 2013 par le célèbre sculpteur québécois David Altmejd. Sur une base chronologique, l’ouvrage donne accès à des centaines de photographies généralement affichées pleine page.

Ce grand livre d’art intitulé David Altmejd contient quatre essais:

- Materail Library (Trinie Dalton)
- Taking Countrol of the Nightmare: David Altmejd’s Dream Work (Christopher Glazek)
- David Altmejd: Beyong the Apocalypse (Robert Hobbs)
- Treasure Principle (Kevin McGarry).

Trinie Dalton commente l’œuvre de David Altmejd sous trois thèmes (On Fecundity, On Eroticism, On Inception) à partir de trois citations correspondantes des auteurs John F. Avedon et al., Marcel Griaule et John Berger. | «Altmejd’s archemical artwork proposes a worldview that demands tolerance, acceptance, and receptivity, its shapeshifting properties an experiment in transforming repellant forms into magnetic, alluring stuff.»

Christopher Glazek déconstruit la réputation gothique d’Altmejd. Il traite principalement du rêve ludique et de la figuration du loup-garou. L’essayiste privilégie une interprétation freudienne de la démarche artistique d’Altmejd. Son analyse est étonnante et sa conclusion percutante. | «Altmejd has taken control of the nightmare; armed and dagerous, he is ready to castrate egos. Any werewolf that wanders into one of his pieces should not expect to leave with his manhood intact.»

Dans son essai de dix-huit pages, Robert Hobbs aborde l’œuvre d’Altmejd en fonction de la thématique de l’énergie, de la tension, du devenir, du flux. Il décrit avec minutie la formation et les différentes phases de production du sculpteur. Il situe l’œuvre d’Altmejd dans le contexte historique de l’art contemporain. Le fil conducteur de l’œuvre, analysée d’un point de vue aussi bien artistique que philosophique, est l’énergie. L’essai est aussi instructif que captivant. | «All of Altmejd’s work, as he has often repeated, needs to be understood as energy, witch I have assessed in terms of the Aristotelian/Gadamerian energeia, constituting an unending series of contrapuntal forces and representing an updating of the grotesque so that it confirms the dynamism of our still postmodern world by comprising different velocities working together to create a semblance of life’s irrepressible and enduring dynamics.»

Kevin McGarry aborde la dichotomie présente dans l’œuvre d’Altmejd sous trois angles: les sciences naturelles, la poésie et le design. | «Abstaining from didactics in his work, the constellation of all Altmejd’d different styles and material logics amounts to a kind of poetic pantheon, of dieties, ideologies, or disciplines.»

Plusieurs outils de repérage et de documentation complètent la vaste collection d’œuvres reproduites:

- Notes des essais
- Index des œuvres (notices bibliographiques détaillées): pages, titre, date, matériaux et dimensions des sculptures; sources des photographies
- Études universitaires de l’artiste à Montréal (UQÀM) et New-York (Columbia)
- Expositions en solo ou en duo
- Prix (Sobey Art Award, 2009)
- Monographies
- Catalogues d’exposition
- Sélection d’articles et de recensions
- Remerciements
- Notices biographiques et bibliographiques sur les essayistes
- Notice bibliographique du livre.

Un livre de référence remarquable!

L’exposition David Altmejd - Flux se poursuit au Musée d’art contemporain de Montréal jusqu’au 13 septembre 2015.

Référence

Venero, Isabel, éditrice. - David Altmejd. - Bologne: Damiani, 2014. - 384p. - ISBN 978-88-6208-345-4. - [Citations, p. 22, 107, 213, 297]. - BAnQ: 709 A4689d 2014. - [Version électronique de l’essai de Robert Hobbs: David Altmejd: Beyond the Apocalypse].

Billets / Série David Altmejd

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux
David Altmejd / La genèse du loup-garou
David Altmejd à la Biennale de Venise
David Altmejd / La galopade des zèbres
David Altmejd / L’atelier laboratoire
David Altmejd / Le flux et la flaque
David Altmejd / Les parcours du flux
David Altmejd et son œuvre
David Altmejd à la Galerie de l’UQÀM
David Altmejd / Au revoir Sarah
David Altmejd / Bibliographie

24 août 2015

Gabriel Nadeau-Dubois, chroniqueur radio - Saison 3

Toutes les semaines, Gabriel Nadeau-Dubois participe à l’émission radiophonique Gravel le matin. Dans ses chroniques, l’étudiant en sociologie jette un regard neuf et percutant sur les sujets brulants de l’actualité.

Parmi ses chroniques les plus populaires, soulignons celle du 28 juillet 2016 dont la vidéo a été vue par près de 90 000 internautes. Plusieurs autres de ses chroniques sont aussi disponibles en vidéo sur la page Facebook de l’émission Gravel le matin: Vidéos (rubrique Toutes les vidéos).

Les enregistrements des chroniques peuvent être écoutés depuis le Calendrier des Archives par date (Gravel le matin, ICI Radio-Canada Première).

Émissions et thèmes

Au cours de la période estivale débutant le 20 juin 2016, les émissions sont animées par Patrick Masbourian. L'émission du 25 juillet est animée par Bernard Faucher.

225 - 2016 08 25 - Copenhague, le paradis du vélo
224 - 2016 08 18 - Transport public payé par des employeurs
223 - 2016 08 15 - Ailes jeunesse des partis politiques
222 - 2016 08 11 - Budget participatif à Porto Alegre
221 - 2016 08 08 - Conséquences sociales des Jeux olympiques
220 - 2016 08 04 - Affiches commerciales proscrites à São Paulo
219 - 2016 07 28 - La journée de travail de 6 heures en Suède
218 - 2016 07 25 - Les médias et la candidature de Trump
217 - 2016 07 21 - Projet citoyen d'hébergement de réfugiés
216 - 2016 07 18 - La politique gouvernementale à Anticosti
215 - 2016 07 14 - Coopératives syndiquées d'autopartage
214 - 2016 07 11 - Le racisme aux États-Unis d'Amérique
213 - 2016 07 07 - Un budget selon le genre en Autriche
212 - 2016 07 04 - Hausse des tarifs du transport en commun 211 - 2016 06 30 - Une assemblée constituante en Islande
210 - 2016 06 27 - Déclin de la popularité de Donald Trump
209 - 2016 06 23 - L'emploi public garanti en Inde
208 - 2016 06 20 - Référendum au R.-U. sur l'Union européenne

Au cours de l'année, les émissions sont animées par Alain Gravel. Les émissions des 21 décembre 2015, du 29 février et du 23 mai 2016 sont animées par Maxime Coutié.

207 - 2016 06 13 - La réforme libérale de l'aide sociale
206 - 2016 06 06 - Le militant modèle Muhammad Ali
205 - 2016 05 30 - Les soins de santé en CHSLD
204 - 2016 05 23 - Les organismes génétiquement modifiés
203 - 2016 05 16 - Augmentation des inégalités à Montréal
202 - 2016 05 09 - Feux de forêt dans la région de Fort McMurray
201 - 2016 04 25 - Montréal-Nord et la discrimination raciale
200 - 2016 04 18 - Le salaire minimum à 15,00 $
199 - 2016 04 11 - L'état de la gauche canadienne
198 - 2016 04 04 - Le scandale des paradis fiscaux
197 - 2016 03 28 - Réflexion sur la lutte contre le terrorisme
196 - 2016 03 21 - La corruption politique au Québec
195 - 2016 03 14 - Violence pendant les primaires américaines
194 - 2016 02 07 - Historique et pertinence du féminisme
193 - 2016 02 29 - Conférence des conservateurs canadiens
192 - 2016 02 22 - La vision économique néolibérale du PLQ
191 - 2016 02 15 - Controverse générée par le géant Uber
190 - 2016 02 08 - Fonds vert et transports en commun
189 - 2016 02 01 - La campagne de Bernie Sanders
188 - 2016 01 25 - Paradis fiscaux: problèmes et solutions
187 - 2016 01 18 - Le parti libéral et l'éducation
186 - 2016 01 11 - Problématique d’une alliance nationaliste
185 - 2016 01 04 - Les partisans de Donald Trump
184 - 2015 12 21 - Bilan 2015 > l'enjeu de l'austérité
183 - 2015 12 14 - Bilan de la Conférence de Paris sur le climat
182 - 2015 12 07 - Débat sur les armes à feu aux États-Unis
181 - 2015 11 30 - Conférence sur les changements climatiques
180 - 2015 11 23 - Négociations dans le secteur public
179 - 2015 11 17 - Réflexion suite aux attentats de Paris
178 - 2015 11 09 - Problématique des sables bitumineux
177 - 2015 11 02 - Subvention à Bombardier
176 - 2015 10 26 - La crise autochtone
175 - 2015 10 19 - Le phénomène Bernie Sanders
174 - 2015 10 12 - Élections / Bilan critique des médias
173 - 2015 10 05 - Implications du Partenariat transpacifique
172 - 2015 09 28 - L'État et la liberté d'expression
171 - 2015 09 21 - (Bruxelles) - Réélection de Tsipras
170 - 2015 09 14 - Inauguration du Centre Vidéotron
169 - 2015 09 07 - Négociations dans le secteur public
168 - 2015 08 31 - Société des alcools du Québec
167 - 2015 08 24 - Campagne électorale fédérale

Émissions antérieures à C’est pas trop tôt!

Saison 1 (001 à 085, du 26 août 2013 au 18 juin 2014)
Saison 2 (086 à 166, du 18 août 2014 au 17 juin 2015)

Article connexe

Gabriel Nadeau-Dubois | Références

23 août 2015

Carte du monde (1529) de Diego Ribeiro


Ricardo Padrón, professeur à l’Université de Virginie, présente une étude intéressante de cette carte manuscrite dans Mapping Latin America, A Cartographic Reader. Il développe son exposé en plusieurs séquences thématiques: le rôle de la Casa de la Contratación, les caractéristiques des portulans, les apports novateurs de Diego Ribeiro, l’imaginaire implicite dans les cartes marines, la modernité de la carte de Ribeiro, les visées idéologiques et politiques du cartographe. Cet essai est complété par des notes et une bibliographie.

Le planisphère de Ribeiro contient à la fois les éléments traditionnels des portulans moyenâgeux et de nouveaux éléments typiques de la Renaissance. Comme sur les portulans, des roses des vents, des rhumbs, des échelles graphiques de distances et d’innombrables toponymes sur les littoraux figurent sur la carte. Par contre, des éléments novateurs témoignent de la modernité de la carte: l’espace américain inconnu est laissé en blanc, les trois lignes verticales pointillées pour mesurer les latitudes (au milieu des océans Atlantique, Indien et Pacifique), la ligne de l’Équateur graduée pour mesurer les longitudes (en plus des tropiques du Cancer et du Capricorne, et des deux cercles polaires), la présence d’une grille évoquant le système de projection de Ptolémée, l’inscription des plus récentes découvertes, les illustrations d’instruments scientifiques de navigation (astrolabe, quadrant, table de déclinaison du Soleil). Globalement, ces innovations visent à tenir compte de la navigation au long cours consécutive aux découvertes portugaises et espagnoles de la fin du 15e siècle et du début du 16e siècle.

Selon le professeur Padrón, la carte de Ribeiro a été élaborée au cours des négociations visant à préciser le partage du monde entre le Portugal et l’Espagne après la circumnavigation de l’expédition de Magellan (1522). Sur la carte, au sud du Brésil et de l’Insulinde, des drapeaux signalent les espaces respectifs des puissances ibériques. Un drapeau supplémentaire de la Castille figure sur le territoire chinois. Alors que le Portugal exploite déjà les Moluques, la carte de Ribeiro attribue à l’Espagne cette région asiatique. Sur la carte, l’imposant empire castillan est magnifié par l’immense table de déclinaison pour la navigation céleste (incorporant un calendrier, les signes du zodiaque et une rose des vents) localisée au milieu du Pacifique: les visées impériales espagnoles couvrent tout le Pacifique et la plus grande partie de continent américain. Entourée de nombreux navires, cette image illustre notamment les ambitions hégémoniques de l’empire maritime espagnol.

Terminons cette présentation en observant plus particulièrement l’Amérique. Outre les îles des Antilles et les aires riveraines du golfe du Mexique, Ribiero identifie une douzaine de régions dans le Mundus Novus: Tierra de Labrador, Tierra de Cortereal, Tierra de Esteva Gomez, Tierra de Ayllon, Tiera de Garay, Nueva Espagna, Guatimala, Castilla Deloro, Peru, Tera Basilis, Tiera de Solis, Tiera de Pata Gones. La plupart des toponymes sont d’origine européenne, dont des noms d’explorateurs. Seuls les littoraux occidentaux de l’Amérique centrale et du Pérou sont indiqués, les littoraux inexplorés étant absents. L’intérieur du continent reste anonyme, mais des images animalières illustrent certaines régions de l’Amérique latine.

Les personnes maîtrisant la langue espagnole et la calligraphie de l’époque pourront approfondir l’étude de cette carte en parcourant les inscriptions marginales, les remarques et les cartouches affichés sur la carte.

Références

Padrón, Ricardo. - «Chartring Shores», dans Dym, Jordana; Offen, Karl; dir. - Mapping Latin America. A Cartographic Reader. - Chicago: The University of Chicago Press, 2011. - xx, 338p. - ISBN 978-0-226-61822-7. - P. 33-37. - [Google Livres donne accès au texte de cette étude.]

Lectures complémentaires

Carrera, Magali Marie - Traveling from New Spain to Mexico: Mapping Practices of Nineteenth-Century Mexico. - Durham (Caroline du Nord): Duke University Press, 2011. - 352p. - ISBN: 978-0-8223-4991-4 - [Locating New Spain: Spanish Mappings, p. 39-62].

Carta Universal (Diego Ribeiro, 1529) - [Contexte et toponymie].

The Navigational Iconography of Diogo Ribeiro’s 1529 Vatican Planisphere (Surekha Davies, Imago Mundi, 2003, Vol. 55: 103–112) - [Description des instruments de navigation et de la navigation céleste].

Carte

1529 - Monde - Carta universal en que se contierne todo lo que del mundo se ha descubierto fasta agora hizola Diego Ribero cosmographo de Su magestad. Año de 1529 è Sevilla ([Reprod. en fac-sim.]) - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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16 août 2015

David Altmejd / Les parcours du flux

Cet article propose trois parcours de l’exposition David Altmejd - Flux en cours au Musée d’art contemporain de Montréal (MACM). Le premier suit l’itinéraire de la présentation des sculptures tout au long des différentes salles d’exposition. Les titres des neuf espaces sont attribués et les sculptures sont numérotées. Le deuxième parcours correspond à la séquence de production des sculptures sur une base chronologique. Le troisième parcours a trait à un itinéraire thématique, la figure du loup-garou. Ces propositions de parcours sont suivis de références: Citations, Sur la Toile, Articles connexes.

I - PARCOURS SPACIAL

Avec l’exposition Flux, pour la première fois, je vois une quantité de sculptures faites depuis les 15 dernières années. Toutes ces œuvres réalisées de manière indépendante peuvent être associées et faire sens ensemble. Elles racontent une histoire. Mes œuvres sont des phrases qui forment les chapitres d’un même roman.
David ALTMEJD

La rotonde

01 - Untitled 9 (Watchers) / Sans titre 9 (Gardiens) (2014)

L’accueil

02 - Sarah Altmejd (2003)

La création

03 - The University 1 / L’université 1 (2004)
04 - Untitled (Swallow) / Sans titre (Hirondelle) (2004)
05 - The Desert and the Seed / Le désert et la semence (2015)
06 - The Lovers / Les amants (2004)
07 - Untitled / Sans titre (2005)

L’assemblée

08 - Untitled / Sans titre (2012)
09 - Untitled / Sans titre (2012)
10 - The Architect / L’architecte (2015)
11 - Untitled / Sans titre (2004)
12 - Untitled / Sans titre (2011)
13 - Untitled / Sans titre (2011)
14 - Untitled (Black) / Sans titre (Noir) (2011)
15 - Untitled / Sans titre (2011)
16 - Untitled (Dark) / Sans titre (Noir) (2001)
17 - The Window / La fenêtre (2015)

L’autographe

18 - The Hole / Le trou (2015)
19 - Untitled (Bodybuilders) / Sans titre (Culturiste) (2011)

Les géants

20 - The Dentist / Le dentiste (2008)
21 - The Island / L’île (2011)
22 - The Pit / La fosse (2011)
23 - The Air / L’air (2010)
24 - Untitles 6 (The Watchers) / Sans titre 6 (Les gardiens) (2011)
25 - Untitles 7 (The Watchers) / Sans titre 7 (Les gardiens) (2011)

La nature

26 - Man 2 / Homme 2 (2014)
27 - The Spectrum and the Hand / Le spectre et la main (2012)
28 - Untitled / Sans titre (2009)
29 - The Rose / La rose (2010)

La synthèse

30 - Untitled 4 (Guides) / Sans titre 4 (Guides) (2011)
31 - The Flux and the Puddle / Le flux et la flaque (2014)

L’adieu

32 - Son 3 / Fils 3 (2014)

II - PARCOURS TEMPOREL

Conceptuellement, chaque sculpture naît de la sculpture précédente.
David ALTMEJD

2001 / Untitled (Dark)

2003 / Sarah Atlmejd - Untitled (Black)
2004 / The University 1 - The Lovers - Untitled (Smallow) - Untitled
2005 / Untitled

2008 / The Dentist
2009 / Untitled
2010 / The Air - The Rose
2011 / Untitled - Untitled - Untitled - Untitled (Bodybuilders) - The Island - The Pit - Untitled 6 (The Watchers) - Untitled 7 (The Watchers) - Untitled 4 (Guides)
2012 / Untitled - Untidled - The Spectre and the Hand

2014 / Untitled 9 (Watchers) - Man 2 - The Flux and the Puddle - Son 3
2015 / The Architect 3 - The Window - The Desert and the Seed - The Hole

III - PARCOURS THÉMATIQUE

Il y a quelque chose de complexe à propos du loup-garou parce que cette figure peut être vue comme une métaphore de l’être partagé entre un bon côté et un côté diabolique.
David ALTMEJD

Le visiteur peut aussi planifier un parcours personnel en fonction d’un thème particulier, comme par exemple la figure du loup-garou:

04 - Untitled (Swallow) / Sans titre (Hirondelle) (2004)
05 - The Desert and the Seed / Le désert et la semence (2015)
06 - The Lovers / Les amants (2004)
11 - Untitled / Sans titre (2004)
15 - Untitled / Sans titre (2011)
16 - Untitled (Dark) / Sans titre (Noir) (2001)
31 - The Flux and the Puddle / Le flux et la flaque (2014)

ou

2001 / Untitled (Dark)
2004 / Untitled (Swallow)
2004 / The Lovers
2004 / Untitled
2011 / Untitled
2014 / The Flux and the Puddle
2015 / The Desert and the Seed

L’exposition David Altmejd - Flux se poursuit au Musée d’art contemporain de Montréal jusqu’au 13 septembre 2015.

RÉFÉRENCES

Je parviens à me voir, à l’intérieur de l’exposition.
David ALTMEJD

Citations

Les citations 1 et 2 de David Altmejd sont tirées de l’article Faire flotter les choses (Entrevue avec Émilie Granjon, Vie des arts, n° 239, Été 2015, p. 16-21). - [Cette revue peut être consultée dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque.]

La citation 3 de David Altmejd est tirée du livre suivant: Déry, Louise. - David Altmejd. Métamorphose. - Montréal: Galerie de l’UQÀM, 2006. - 112p. - ISBN 2-920325-95-7. - BAnQ: 730.92 A4689d 2006. - [Citation, p. 39].

La citation 4 de David Altmejd est tirée de l’article La distance et la contrainte (Julie Ledoux, Voir, 18 juin 2015). - [Ce périodique peut être consulté dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque.]

Sur la Toile

La métaphore « renouvelée » comme modalité d'indécidabilité en art actuel: David Altmejd, Claudie Gagnon et Carsten Höller (Dominique Allard, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal (UQÀM), février 2010)

La métamorphose dans l’œuvre de David Altmejd (Marie-Ève Tanguay, mémoire de maîtrise, Université Laval, juillet 2014)

David Altmejd - Flux (Musée d’art moderne de Paris) (Photos, vidéos, applications App Store et Google Play) (10 octobre 2014)

«Flux» au MAC: David Altmejd nous parle de sa future exposition (Entrevue/viédo/photos) (Ismaël Houdassine, Le Huffington Post Québec, 13 avril 2015) (Vidéo, YouTube, 3:13 min)

David Altmejd: la beauté du monstre (Nathalie Petrowski, La Presse, 15 juin 2015)

Parcours (Musée d’art contemporain de Montréal) (MACM)

David Altmejd vu par Alexandre (La Fabrique culturelle, 27 juillet 2015) (Vidéo, 5:30 min)

Billets / Série David Altmejd

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux
David Altmejd / La genèse du loup-garou
David Altmejd à la Biennale de Venise
David Altmejd / La galopade des zèbres
David Altmejd / L’atelier laboratoire
David Altmejd / Le flux et la flaque
David Altmejd / Les parcours du flux
David Altmejd et son œuvre
David Altmejd à la Galerie de l’UQÀM
David Altmejd / Au revoir Sarah
David Altmejd / Bibliographie

09 août 2015

David Altmejd / Le flux et la flaque

J’aime le mouvement, j’aime l’accumulation et j’aime rendre les choses complexes.
David ALTMEJD

L’œuvre synthèse intitulée Le flux et la flaque (2014) est exposée au Musée d’art contemporain de Montréal (MACM) jusqu’au 13 septembre 2015. Elle sera ensuite exposée à Québec, au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ).

Le livre éponyme

Le livre dédié à cette sculpture de l’artiste québécois David Altmejd est remarquable, aussi bien pour sa facture que pour son contenu. Il compte 128 pages et mesure 12,1 x 9,22 x 0,5 po. Il a été publié le 23 juin 2015 par la maison David Altmejd Studio Inc.

La couverture bleue foncée est rigide. Le dos porte cette triple inscription: David Altmejd / The Flux and the Puddle / 1. La première de couverture compte cinq éléments, de haut en bas: une grappe de raisins verts, le nom du sculpteur, le titre de la sculpture, un détail de la sculpture (une tête humaine), et une petite grappe de raisins verts. Les deux inscriptions dorées sont incrustées dans la couverture, tandis que les trois images sont collées sur la couverture. L’image d’une banane est collée dans le coin inférieur gauche de la quatrième de couverture.

Le livre compte trois parties:
1° la partie initiale intitulée The Flux and the Puddle (page de titre + 11 pages de photos)
2° la partie textuelle intitulée David Altmejd / The Flux and the Puddle (page de titre + essai illustré)
3° la partie iconographique intitulée The Flux and the Puddle (double page de titre + innombrable photos).
Une page identitaire complète l’ouvrage avec une photo de Floyd, le caniche de David Altmejd, les remerciements (envers plusieurs personnes, dont sa mère Danielle Laberge, son père Victor Altmejd, sa sœur Sarah Altmejd et son ami Jonah Disend), la notice bibliographique et les crédits photographiques.

L’essai d’Anne Prentnieks compte une douzaine de pages. Le reste du livre contient des photos d’ensemble ou de détails de la sculpture. Globalement, le livre constitue un album de photos professionnelles sur Le flux et la flaque.

L’album de photos

La première photo et la dernière photo de l’album illustrent le titre de l’ouvrage: les fils d’un dévidoir, au début du livre, et la flaque étendue sur le plancher devant la sculpture, à la fin de l’ouvrage. Nous allons tenter de dégager d’autres clés du livre et de la sculpture en explorant les autres photos de l’album.

Les onze photos introductrices proviennent des quatre façades de la sculpture, sans ordre apparent ou significatif: dévidoir (côté 1), melon (2), tête dorée (3), raisins et bananes (1), flaque (1), fleurs bleues (1), fils (2), tête [de la couverture] (2), inscription Make melon head (2), boule noire (4), fleurs blanches (3). Il s’agit de quelques détails thématiques, sans vue d’ensemble. Il en va tout autrement des photos de la troisième partie de l’ouvrage, celle qui est la plus considérable.

Les innombrables photos de la partie principale suivent un parcours circulaire bouclé: côté 1, côté 2, côté 3, côté 4, côté 1. Les vues d’ensemble et les détails de la sculpture se retrouvent dans cette section. Comme les modules de la sculpture sont en fait des vitrines, plusieurs objets sont visibles sur plus d’un côté.

L’architecture modulaire

Afin de bien localiser les clichés, voyons d’abord la structure générale de l’œuvre, tout en signalant que la datation (2014), les dimensions et les matériaux de la sculpture ne sont pas indiqués dans le livre. La sculpture mesure (hauteur, largeur, longueur) 327,7 x 640,1 x 713,7 cm / 129 x 252 x 281 po. Le plan schématique ci-dessous n’est pas à l’échelle:


Notons quelques repères.

La sculpture compte une cinquantaine de boîtes juxtaposées, vingt-cinq plus volumineuses dans la partie inférieure et vingt-cinq moins volumineuses dans la partie supérieure.

Sur le plan vertical, chaque côté contient cinq boîtes juxtaposées. Sur les côtés impairs, une plus étroite boîte est située au milieu. Sur les côtés pairs, de plus étroites boîtes sont situées aux extrémités.

Côté 1 - hôte, flaque / loups-garous
Côté 2 - hommes, dont un assis
Côté 3 - femme / hommes oiseaux
Côté 4 - culturistes, longues rigoles noires

Sur le plan horizontal, chaque niveau est constitué de deux boîtes superposées, celles du bas étant plus hautes que celles du haut.

Boîtes du bas - humains (femme, hommes, culturistes)
Boîtes du haut - monstres (loups-garous, têtes des hommes oiseaux)

Dans une boîte donnée, certains éléments sont placés au premier plan, d’autres au second plan. Ces dispositions variées contribuent à diversifier et complexifier la sculpture.

Le flux et la flaque contient les matériaux suivants: plexiglas, polystyrène, mousse expansive, gel et résine époxy, résine synthétique, cheveux synthétiques, tissu, cuir, fil, miroir, plâtre, peinture acrylique, peinture latex, fil de fer, yeux de verre, sequins, céramique, quartz, fleurs synthétiques, branchages synthétiques, or, plumes, acier, noix de coco, toile de jute, encre, bois, système d’éclairage.

L’exploration des photos

Les photographies reproduites dans le livre proviennent de cinq photographes: Lance Brewer (Andrea Rosen Gallery), Farzad Owrang (Brant Foundation Art Study Center), Denis Farley (Galerie de l’UQÀM), Andy Keate (Stuart Shave / Modern Art) et James Ewing (Andrea Rosen Gallery).

Comme j’ai décrit plusieurs parties de la sculpture dans un article précédent, L’atelier laboratoire de David Altmejd, je vais m’attarder à certains autres éléments reproduits dans l’album de photos.

L’œuvre compte trois inscriptions. Les deux premières sont explicites, la troisième est énigmatique. Sur la façade initiale de la sculpture, ce message: WOMEN ON THE OTHER SITE. L’énoncé signale et accentue la présence unique d’un personnage féminin du côté opposé à celui de la tête de l’hôte. Il s’agit bien sûr de Sarah, et d’un double renvoi. D’une façon symétrique, la sœur de David Altmejd apparaît dans la première et dernière sculpture de l’exposition Flux, si on fait abstraction du gardien surélevé exposé dans la rotonde du musée et de l’homme suspendu exposé à la sortie de l’exposition. Le personnage illustre aussi le fait que le chaos initial, celui qui a précédé la création de l’univers, symbolisé par le trou au milieu du visage de Sarah, a donné naissance à tous les objets relationnels insérés et évoqués dans Le flux et la flaque. [Photo de la sculpture Sarah Altmejd, (2003), p. 14]

L’inscription MAKE MELON HEAD est en quelque sorte le castel d’un tableau en trois dimensions inséré dans des modules du côté droit. Les photos de ce message et d’un melon anthropomorphe (oreille humaine) sont insérées au tout début de l’ouvrage. Une photo d’ensemble des côtés 1 et 2, au début de la troisième partie du livre, permet de comprendre la présence de ces éléments. À la base de la sculpture, au milieu du côté 3, on trouve un boîtier contenant des pigments. Deux branches séparées plongent dans ces matériaux d’artiste utilisés par le créateur de l’œuvre. Une branche bifurque à droite. C’est une branche morte. Une seconde branche bifurque à gauche. C’est une branche vivante. Par étapes successives, au moyen d’un melon transformé graduellement, elle se prolonge en donnant naissance à une tête humaine (oreilles et nez). Celle-ci est achevée par les mains de l’artiste sur un palier médian du module d’angle des côtés 1 et 2.

Tout comme les lettres de ces deux messages, les lettres de la troisième inscription sont dessinées sur des tranches de banane. Des photographies de quelques lettres du troisième message sont insérées au milieu de l’album de photos, sur des pages adjacentes: la lettre R, sur la première photo, les lettres T et N sur la seconde. L’ensemble des lettres situées du côté 3 de la sculpture est illisible. Ces lettres semblent en lien avec l’homme oiseau situé à la gauche de la dame en bleu. Par ailleurs, le message caché, si tel est le cas, semble être annoncé au-dessous de la tête de l’hôte figurant sur le côté 1 de l’œuvre: une flèche dessinée sur une tranche de banane pointe vers le visage de l’hôte (et vers un homme oiseau situé à l’opposé de l’œuvre). Des hypothèses!

La main créatrice est omniprésente dans la sculpture. C’est l’autographe de l’artiste. Voyons quelques exemples. Dans trois angles de l’œuvre, une tête est façonnée par les mains du sculpteur. À l’angle des côtés 1 et 2, comme nous venons de le constater, une tête est formée en utilisant un melon. À l’angle des côtés 1 et 4, la main façonne directement une tête humaine. À l’angle des côtés 3 et 4, deux noix de coco et des plumes d’oiseaux sont notamment utilisées pour créer un visage. Dans tous ces cas, le créateur dispose de matériaux primaires rangés dans des boîtiers à proximité de sa table de travail. Notons que le seul angle sans tête est celui où logent les lettres détachées du troisième message illisible.

La main façonne aussi de grands éléments, dont l’immense bassin blanc, visible sur les côtés 1 et 4, les longues rigoles de lait de coco et les culturistes, sur le côté 4, l’homme assis, sur le côté 3. La main dorée sur l’épaule d’un loup-garou, dans le coin supérieur gauche du côté 1, mérite aussi d’être signalée.

Plusieurs photos de l’album mettent en évidence les réseaux parcourant Le flux et la flaque, dont les fils traversant les modules et les fourmis circulant à différents niveaux de la sculpture. Tantôt rectilignes, tantôt enroulés sur des dévidoirs, les fils multicolores parcourent des lignes de transport d’énergie ou s’épanouissent sous formes géométriques plus ou moins semblables à des fleurs transparentes. Les fourmis marchent sur tous les plans, horizontal, vertical, oblique et sinueux. Soulignons également que des fourmis transportent les lettres du troisième message. Cet énoncé en construction ou message virtuel est situé dans le seul angle ouvert à un complément de l’œuvre, la main de l’artiste y étant absente.

Parmi les nombreux autres menus objets de l’œuvre, les petits disques bleus se distinguent. Tout autour de la sculpture, ils s’affichent dans une spirale ascendante. Sur le côté 1, de petites tiges dorées les maintiennent au-dessus du sol. Ce sont des pétales, des fleurs émergeant de la flaque. Sur le côté 2, l’homme assis au deuxième plan de la vitrine centrale, tel l’artiste au travail, enfile des disques bleus sur une chaîne. Sur le côté 3, des disques bleus parent la coiffure de la tête humaine aux cheveux blonds. Des objets similaires, jouant le rôle de paillettes vestimentaires, sont collés sur le corps de la femme, font corps avec Sarah. Sur le côté 4, dans le module supérieur central, un nuage de disques bleus surmonte les culturistes. Les photos de l’album rendent bien compte des différents usages de ce matériau.

Les têtes et les corps - humains (femme et hommes), animaliers (loups-garous et hommes oiseaux), végétaux (ananas, melons, noix de coco et raisins) - sont les objets majeurs traités dans la sculpture. À titre d’exemple, l’œuvre compte une douzaine de têtes humaines. Les photos de l’album sur ce thème dominant sont nombreuses et souvent présentées sous différents points de vue.

Les modules sont diversement densifiés, certains contenant plusieurs objets plus ou moins volumineux, d’autres étant vides ou presque vides. Une sculpture achevée, certes, mais aussi une œuvre ouverte aux possibles. Dans tous les cas de figure, les photos du livre s’avèrent utiles et intéressantes pour mieux saisir et comprendre Le flux et la flaque.

L’essai critique

Chaque visiteur est appelé à découvrir la sculpture à partir de sa vie individuelle et sociale, de sa personnalité, de ses connaissances, de son imaginaire, de sa vision de l’art et du monde. Pour mieux apprécier l’œuvre et la confronter avec ses propres idées, le visiteur peut aussi lire et écouter les propos de David Altmejd sur son travail, en général, et sur Le flux et la flaque, en particulier. Il peut enfin parcourir des articles et des essais portant sur le sculpteur et son œuvre phare. Dans ce contexte, le visiteur saura enrichir ses réflexions en parcourant l’essai d’Anne Prentnieks.

Le texte de l’étude est bilingue, la version française ayant été traduite par Ariane Delacampagne: Evolutionary Arc / Arc révolutionnaire. Anne Prentnieks situe d’abord l’œuvre maîtresse de David Altmejd dans son contexte historique. Elle développe ensuite son exposé sous les thèmes suivants: Transformation + Récit, Manifestation des rêves + Corps, Architecture de l’énergie.

La phrase initiale et la phrase finale de cet essai méritent d’être citées: «Système interconnecté de corps et de matières organiques, qui existe dans son propre incubateur, The Flux and the Puddle est l’œuvre maîtresse de David Altmejd.» | «Les miroirs croisés nous cachent des moments délicats d’information, masquent l’ensemble énigmatique du cosmos créé par Altmejd. Mais les reflets perpétuels des miroirs poussent l’œuvre hors de son cadre physique et la tirent de façon magnétique vers l’infini.»

Références

Altmejd, David; Kotana, Jason; Prentnieks, Anne. - The Flux and the Puddle. - New-York: David Altmejd Studio Inc., 2014. - 128p. - ISBN 978-0-9906628-0-8. - [Publication le 23 juin 2015]. - [Citations, p.23, 15 et 24]. - BAnQ: à venir.

Sur le site de l’artiste

David Altmejd
The Flux and the Puddle (Photos)

Sur le site du MACM

Décaissage de l'œuvre (Entrevue avec Anne-Marie Zeppetelli, vidéo, 1,19 min)
Montage de l'œuvre (vidéo, 2,01 min)

Sur la Toile

The Flux and The Puddle (Exposition Juices / Andrea Rosen Gallery) (Description) (Vidéo, 2014, Vimeo, 4:35 min)
The Flux and the Puddle (Robert Mack, vidéo, 2014, YouTube, 4:32 min)
Une œuvre de David Altmejd au MNBAQ (Le Devoir, 20 juin 2015)

Ajout (8 septembre 2015)

Lettres et messages | La sculpture « Le flux et la flaque » de David Altmejd contient quelques inscriptions. Il y en a une que je n’arrive pas à lire: photo ci-jointe. Pourriez-vous m’indiquer le contenu de cette inscription. (Question de Claude Trudel adressée au MACM, par courriel, le 19 juillet 2015) / J’ai posé votre question à l’artiste et les lettres que les fourmis transportent ne forment pas un mot, comme dans d’autres parties de l’œuvre The Flux and the Puddle. Ce sont tout simplement des lettres en transition. Les seules phrases intentionnellement formées dans la pièce sont « the woman on the other side » et « make melon head ». (Réponse par courriel de madame Sabina Rak, technicienne aux communications, MACM, le 8 septembre 2015)

Billets / Série David Altmejd

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux
David Altmejd / La genèse du loup-garou
David Altmejd à la Biennale de Venise
David Altmejd / La galopade des zèbres
David Altmejd / L’atelier laboratoire
David Altmejd / Le flux et la flaque
David Altmejd / Les parcours du flux
David Altmejd et son œuvre
David Altmejd à la Galerie de l’UQÀM
David Altmejd / Au revoir Sarah
David Altmejd / Bibliographie

02 août 2015

David Altmejd / L'atelier laboratoire

J’ai voulu créer un univers ou un système, un organisme qui serait capable d’inclure tout ce que j’avais fait auparavant - et donc c’est devenu un genre de laboratoire.
David ALTMEJD

L’œuvre synthèse intitulée Le flux et la flaque (2014) est exposée au Musée d’art contemporain de Montréal (MACM) jusqu’au 13 septembre 2015. Elle sera ensuite exposée à Québec, au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ).

Lorsque le visiteur entre dans la salle où est exposée Le flux et la flaque, il est immergé dans un palais de glaces. Les murs sont tapissés de miroirs dans lesquels se reflète et se répercute l’œuvre qui occupe presque tout l’espace. L’effet est saisissant. En circulant dans la chambre ou en s’immobilisant pour observer l’un ou l’autre des éléments constatifs de la sculpture, dont de nombreux miroirs, le spectateur devient partie prenante de cet univers singulier.

Afin d’appréhender un tant soit peu la complexité de l’œuvre, dégageons les figures dominantes sur chacune des façades de l’immense écrin de plexiglas: les loups-garous, les hommes, les hommes oiseaux et les culturistes. Il s’agit bien sûr d’une simplification à outrance. Le visiteur aura tôt fait de le constater en contournant la sculpture dans un sens ou dans l’autre. À vrai dire, ce parcours circulaire n’a guère d’importance, car l’œuvre a été créée de l’intérieur.

Le récit de ce monde paradoxal débute par un dialogue entre la façade initiale, celle de l’ouverture, et son opposé, celle de la clôture. A / Une tête d’homme encadrée par deux petites branches de fleurs rouges. Un message inscrit sur des tranches de banane: The women on the other side. B / Une femme, à la tête évidée et au corps constitué de paillettes bleues, entourée de fleurs blanches. Une dualité révélatrice.

Au centre du premier côté, un immense bassin sillonné de multiples rigoles et un escalier de jus s’écoulant dans un carré souterrain et sur le plancher de la salle d’exposition. Cette immense flaque rappelle la seconde partie du titre de la sculpture. Ailleurs, les nombreux réservoirs, les diverses rigoles et les innombrables écoulements évoquent la partie initiale du titre. Mais le flux prend plusieurs autres visages dans l’univers d’Altmejd.

Tout en haut, de part et d’autre de la figure de l’hôte, des loups-garous en décomposition / cristallisation dont les avant-bras se démultiplient dans l’espace. Celui de gauche aboutit sur le côté latéral en saisissant un raisin vert qui affiche une émoticône. Celui de droite mange des ananas.

À l’opposé, sur un palier supérieur à celui de la dame en bleu, des hommes oiseaux aux souliers noirs sont postés dos à dos. Ils portent des chemises blanches et des pantalons noirs. Du côté droit, une main de l’homme oiseau se démultiplie en saisissant une grappe de cerises. De son bec ouvert, s’échappe une boule noire qui se transforme graduellement en tête humaine, puis finalement en culturiste (face à un autre culturiste) sur la façade latérale. Du côté gauche, un bras de l’homme oiseau se démultiplie tout en saisissant une mange qui se fragmente. En même temps, la tête du monstre se transforme par étapes en tête humaine sur le côté latéral opposé à celui des culturistes.

Après avoir exploré sommairement ces deux façades habitées par des monstres, attardons-nous aux deux autres où sont installés des humains. Ces côtés sont plus vastes et plus complexes. Soulignons quelques aspects caractérisant les deux grandes façades rectangulaires de la sculpture.

D’un côté le blanc domine, des hommes blancs portant des chemises blanches, et de l’autre côté le noir est entier chez les culturistes. Les hommes, sculptés en partie ou en entier, se décomposent en se cristallisant, tandis que les culturistes ont un corps intact. Dans les deux vitrines, les personnes représentées se font face. Ici comme ailleurs, la symétrie et l’opposition sont privilégiées dans le langage de l’artiste.

Du côté des hommes, au centre du tableau, il y a des glands sur deux branches de chêne, mais pas de figure au centre. Par contre, du côté des culturistes, il y a une tête similaire à celle de l’hôte, mais non encadrée par des branches. Sur cette même façade, il y a une tête enfermée dans une boîte de plexiglas et entièrement entourée de miroirs. Sous le regard du visiteur, cette tête se dore et se multiplie à l’infini dans tous les sens.

La main du créateur est omniprésente dans toutes les parties de la sculpture. Il y en a même une qui est dorée. Dans plusieurs endroits, et tout spécialement dans deux coins opposés, l’artiste montre des têtes en construction et quelques matériaux utilisés dans son travail. L’activité manuelle de l’artiste est manifeste et l’ensemble de l’œuvre est très personnalisé.

Parmi les autres éléments majeurs, soulignons les fils de diverses couleurs agencés d’une façon linéaire ou esthétisée en différentes formes gracieuses, les fruits (ananas, bananes, cerises, fraises, mangues, melons, raisins), les plumes d’oiseaux et les innombrables fourmis, les minéraux (quartz, or). Ainsi, les règnes minéral, végétal et animal se conjuguent et s’imbriquent dans cette étonnante production artistique.

Un œuvre exubérante! Combien d’autres éléments pourraient être notés et décrits! Combien de liens pourraient être établis avec ses œuvres antérieures! Combien d’interprétations pourraient être évoquées ou suggérées! Mais David Altmejd nous prévient: Le flux et la flaque ne saurait se révéler en totalité aux visiteurs, car la sculpture renferme des jardins secrets. Cet univers complexe contient «une infinité d’informations. Et même si on en fait le tour, même si on passe des jours et des jours à en faire le tour, on ne peut pas avoir accès à toute l’information. Je suis sûr qu’il y a des éléments de la pièce qu’on ne peut pas voir, qui sont invisibles pour le spectateur, qui sont cachés.»

La sculpture mesure 328 x 640 x 714 cm. Elle contient les matériaux suivants: plexiglas, polystyrène, mousse expansive, gel et résine époxy, résine synthétique, cheveux synthétiques, tissu, cuir, fil, miroir, plâtre, peinture acrylique, peinture latex, fil de fer, yeux de verre, sequins, céramique, quartz, fleurs synthétiques, branchages synthétiques, or, plumes, acier, noix de coco, toile de jute, encre, bois, système d’éclairage.

À partir de 2016, Le flux et la flaque / The Flux and the Puddle sera exposée dans la capitale nationale, au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ).

Références

J’ai écrit ces commentaires après quelques visites de l’exposition, mais avant de lire l’article de Jean Siag (La Presse), l’analyse d’Anne Prentnieks (The Wall Street Journal) et l’ouvrage de David Altmejd intitulé The Flux and the Puddle. Dans un prochain article, je présenterai ce livre bilingue et luxueux actuellement en vente à la boutique du Musée d’art contemporain de Montréal (MACM).

Hergott, Fabrice. - David Altmejd. Flux. - Paris: Éditions Paris Musées, 2014. - 182p. - ISBN 978-2-7596-0262-9. - BAnQ: à venir. - [Citations, p. 28, 36].

Altmejd, David; Kotana, Jason; Prentnieks, Anne. - The Flux and the Puddle. - New-York: David Altmejd Studio Inc., 2014. - 128p. - ISBN 978-0-9906628-0-8. - [Publication le 23 juin 2015]. - BAnQ: à venir.

Le laboratoire de David Altmejd (Jean Siag, La Presse, 16 février 2014)

Artist David Altmejd’s World of Pure Imagination (Anne Prentnieks, The Wall Street Journal, 6 octobre 2014)

Billets / Série David Altmejd

Exposition 2015 / David Altmejd - Flux
David Altmejd / La genèse du loup-garou
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