29 mars 2015

Secrets des chefs-d’œuvre de la BD


La revue Beaux Arts a publié un superbe numéro hors-série sur Les chefs-d’œuvre de la BD. Une dizaine d’albums cultes sont présentés, ainsi que cinq histoires complètes. Une bibliographie complète le tout.

À la suite de l’éditorial de Thierry Taittinger, une vue d’ensemble du numéro est présentée avec esthétique dans le Sommaire:

1946 - Le Lotus bleu (Hergé)
1954 - Le Mystère de la grande pyramide (Edgar P. Jacob)
> Le trésor de Toutânkhamon
1969 - La Ballade de la mer salée (Hugo Pratt)
> Hier ou aujourd’hui?
1972 - Le Spectre aux balles d’or (Jean Giraud et Jean-Michel Charlier)
1979 - Les Passagers du vent (François Bourgeon)
1983 - Partie de chasse (Enki Bilal et Pierre Christin)
> Belgrade-Sarajevo Balkanapocryphal (Enki Bilal)
1986 - Maus (Art Spiegelman)
> Mein Kampf (Mon Combat)
1988 - 120, rue de la Gare (Jacques Tardi)
1999 - From Hell (Eddie Cambell et Alan Moore)
2003 - Jimmy Corrigan (Chris Ware)
> Jimmy Corrigan

Les dix chefs-d’œuvre sont présentés selon ce canevas:

a) en-tête: année d’édition, auteur, titre
b) singularité de l’œuvre et auteur du chapitre
c) sommaire de l’œuvre (encadré)
d) présentation du bédéiste et de l’œuvre phare
e) analyse d’une planche
f) encadré thématique
g) secrets du succès (plusieurs sections)
h) contexte historique et/ou histoire complète.

Les chapitres sont abondamment illustrés. La mise en page est exemplaire. Les explications sont captivantes.

Un numéro à consulter, à lire et à conserver!

Référence

Les secrets des chefs d’œuvres de la BD. - Beaux Arts. Hors-série: Paris, décembre 2014. - 162p. - ISSN 0757-2271. - [Ce périodique peut être consulté dans les Bibliothèques de Montréal et à la Grande Bibliothèque].

Image

Automitrailleuse | Auto-mitrailleuses, dans les rues de Shanghaï : [photographie de presse] / Agence Mondial / Agence de presse Mondial Photo-Presse. Agence photographique / diff. par l'Agence Mondial (Paris) / 1932 | Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

«Hergé s'inspire de l'automitrailleuse japonaise Sumida type ARM 1932. Mais le dessinateur la veut plus compacte. Il va donc faire appel au camion blindé de la Compagnie africaine des transports, utilisé par les Français au Maroc.» (Nicolas Verstappen, Le Lotus bleu, p.12)

22 mars 2015

Anniversaire du 22 mars 2012

La mobilisation a atteint un premier sommet le 22 mars, alors que, dans le cadre de la grande manifestation nationale des trois organisations étudiantes, un nombre record de 303 000 étudiants étaient en grève. La liste des associations en grève est interminable et ratisse large : des traditionnelles sciences sociales à la biochimie, en passant par les étudiants de Polytechnique. Il s’agit encore, au moment d’écrire ces lignes, du plus grand débrayage de notre histoire, tous domaines confondus.


Mon essai porte un regard en arrière, mais ce qui m’intéresse vraiment, c’est l’avenir. Je suis trop jeune pour les commémorations, et cette grève n’est pas encore un artefact pour les musées. J’ai l’intime conviction que la crise sociale de 2012 n’a pas dit son dernier mot, qu’en revisitant ses moments charnières, qu’en acceptant de « descendre dans le réel », pour parler comme l’historien Jean-Marie Fecteau, on trouvera de quoi inspirer les actions politiques que nous devons encore mener.

Gabriel NADEAU-DUBOIS

Référence

Nadeau-Dubois, Gabriel. - Tenir tête. - Montréal: Lux Éditeur, 2013. - 221p. - ISBN 978-2-89596-175-8. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 371.81 N134t 2013. - [Citations, p. 46 et 18].

Articles connexes

Grève étudiante 2012
2012 - L’année des carrés rouges

Gabriel Nadeau-Dubois | Tenir tête
Analyse du livre « Tenir tête »

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Livre numérique gratuit

Ce recueil regroupe une sélection de comptes rendus sur des ouvrages relatifs à la société: sociologie, science politique, économie politique, administration publique, problèmes sociaux, éducation, commerce, ethnologie, philosophie. Une ou des références bibliographiques complètent les commentaires. Une table des matières interactive permet d’accéder directement aux auteurs et livres désirés.

16 mars 2015

Le Métier de documentaliste

Jean-Philippe Accart, avec la collaboration de Marie-Pierre Réthy, vient de publier une quatrième édition entièrement repensée et mise à jour du livre de référence Le Métier de documentaliste, aux Éditions du Cercle de la Librairie.

La préface d’Anne-Marie Libmann et Véronique Mesguich, coprésidentes de l’ADBS, situe cette nouvelle édition au terme (transitoire) des mutations des quinze dernières années dans le domaine de l’information et de la documentation. Les transformations du métier de documentaliste sont notamment concomitantes et consécutives à la révolution numérique, à l’émergence des mégadonnées, à l’utilisation généralisée des appareils mobiles et à l’interactivité dans le monde des études, des médias, des entreprises et des organisations.

L’introduction souligne les changements de la nouvelle édition par rapport à ses trois moutures précédentes. Les destinataires de ce « manuel pratique » sont ensuite énumérés: les professionnels de l’information (dont les documentalistes), les professeurs et les étudiants, les responsables et décideurs, les consultants, les personnes désirant se renseigner sur le domaine de la documentation. Enfin, les cinq parties de l’ouvrage sont présentées: L’environnement, Le métier, Les techniques documentaires, La technologie, Les développements.

Le sommaire est inséré en début d’ouvrage, tandis que la table des matières détaillée est placée à la fin. Les annexes offrent des outils de repérage supplémentaires: Glossaire, Sigles et abréviations, Index des auteurs cités, Index des termes, Bibliographie générale.

Les diverses parties du livre sont ainsi agencées: 1° le résumé de la matière, 2° l’exposé décliné dans différents chapitres, 3° des références bibliographiques pour approfondir le thème abordé. Des encadrés (sur fond de couleur) et des illustrations (organigrammes, schémas, tableaux) enrichissent les explications.

I - L’environnement

Le chapitre initial porte sur l’information: définition (notion), sources (littératures blanche, grise et noire), culture (processus), typologie (facettes), valeur et pertinence (critères et choix). Le chapitre suivant traite de la profession: formation (sciences de l’information et de la communication), domaines (archives, bibliothèques, services de documentation, musées), réseaux associatifs (internationaux, francophones, européens, nationaux), histoire (jalons). Le chapitre 3 aborde les implications sociales: information et production (interpénétration), politiques de l’information (monde, Europe, France), économie (modèles évolutifs), droit de l’information (droits d’auteur et voisins), gouvernance de l’information (système d’information, gestion des connaissances). Le chapitre 4 concerne les utilisateurs (profils, besoins) et les interactions utilisateurs / documentalistes.

II - Le métier

Les différents volets du métier de documentaliste sont tour à tour spécifiés et décrits avec minutie: document (forme et contenu) et documentation (nature et objet); service de documentation (définition, spécificités, démarche projet); formations (études), profils (compétences), normes (internationales), éthique (déontologie) et milieux de travail (situation, tendances) du documentaliste; gestion du service de documentation (objectifs, personnel, budget, moyens); évaluation (but, types, modalités); mise en marché (définition, principes, coûts) et communication (interne, externe) du service de documentation. Tous ces éléments sont à la base de l’exercice du métier de documentaliste, compte tenu du contexte général présenté dans la partie initiale de l’ouvrage. Notons également l’importance des renseignements contenus dans les nombreux encadrés des chapitres 5 à 10 inclusivement.

III - Les techniques documentaires

Les trois chapitres de cette partie, la plus volumineuse du livre, décrivent les opérations de la chaîne documentaire: acquisition, traitement et diffusion de documents. Un organigramme sur ces opérations est affiché sur la page d’introduction. L’acquisition de documents est présentée sous les points suivants: politique (enjeux, critères de sélection, outils, procédures), structure du fonds documentaire par supports (périodiques, livres, bases de données, littérature grise, archives ouvertes), évaluation (inventaire, désherbage). Le traitement matériel des documents est abordé succinctement, alors que le traitement intellectuel est détaillé avec de nombreux tableaux et encadrés, selon les trois étapes de l’analyse documentaire: catalogage, indexation et résumé. La diffusion de l’information est assurée par des services et des produits. Les services recouvrent plusieurs dimensions, notamment l’accueil et la consultation des documents (accès, circulation, diffusion, prêt). Selon le service de documentation, les produits offerts aux utilisateurs peuvent être plus ou moins diversifiés: élémentaires, élaborés, courants, dynamiques, interactifs, personnalisés.

IV - La technologie

Les enjeux technologiques sont vus selon trois axes: l’informatique documentaire (chapitres 14-17), les données (18), la recherche d’information (19-20). Les avantages, objectifs et étapes de l’informatisation d’un service de documentation sont d’abord précisés. Le travail collaboratif, la gestion et la numérisation de documents sont ensuite abordés. Le deuxième volet porte sur certaines facettes relatives aux données: blogues et microblogues, fils et agrégateurs de syndication, sites collaboratifs, baladodiffusions, réseaux sociaux, signets partagés, portails, applications composites; libre accès, données ouvertes, mégadonnées, objets. Le dernier point porte sur la recherche d’information: méthodologie, moteurs généralistes et spécialisés, veille.

V - Les développements

La dernière partie, à la fois rétrospective et prospective, aborde quatre points déterminants pour le devenir du métier de documentaliste: collaboration (avec les utilisateurs et entre professionnels), médiation (sociale, culturelle, numérique, technologique), évaluation (pertinence et crédibilité de l’information), formation (initiale, continue, à distance). L’auteur termine cette partie par une question: « le documentaliste est-il, peut-il, devenir un architecte de l’information? » En guise de réponse, il reproduit le Manifeste d’Andrea Resmini et Luca Rosatti: Pour une architecture de l’information omniprésente.

La brève conclusion de l’ouvrage fait le point sur le champ de l’information documentation, les atouts des documentalistes et les voies possibles pour le métier de documentaliste.

Le Métier de documentaliste s’adresse à un lectorat français, mais il pourrait être utile à titre de référence comparative et de ressource complémentaire dans d’autres pays de la Francophonie.

Référence

Accart, Jean-Philippe; Réthy, Marie-Pierre. - Le Métier de documentaliste. - 4e édition. - Préface d’Anne-Marie Libmann et Véronique Mesguich, coprésidentes de l’ADBS. - Électre / Éditions du Cercle de la Librairie, 2015. - 425p. - ISBN 978-2-7654-1461-2. - BAnQ: à venir [cotes des éditions antérieures: 020.71144 A1692m 1999 - 020.71144 A1692m 2003 - 020 A1692m 2008].

Du même auteur

Regards croisés sur les métiers des sciences de l’information
Mémento de l’information numérique
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Les services de référence

Site de l’auteur

Jean-Philippe Accart (Site dédié aux professionnels de l’information-documentation)

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Les ouvrages de Jean-Philippe Accart sont présentés dans Documentation, un livre numérique gratuit.

Le recueil Documentation regroupe une sélection de comptes rendus sur des ouvrages d'information et de documentation. Les publications commentées ont trait aux domaines suivants: informatique, bibliographies, bibliothéconomie, encyclopédies générales, publications en série, muséologie, journalisme, manuscrits et livres rares; linguistique, dictionnaires et grammaires.

08 mars 2015

Cartographie du Mexique (1500-1910)

By connecting old and emerging visual strategies, Antonio García Cubas fabricated credible and inspiring natonalist visual narratives for a rising sovereign nation, his beloved patria.

Dans sa monographie Traveling from New Spain to Mexico, dédiée aux pratiques cartographiques mexicaines du 19e siècle, la professeure Magali M. Carrera retrace l’histoire de la cartographie du Mexique depuis l’époque de la Nouvelle-Espagne jusqu’aux productions d’Antonio García Cubas (1832-1912). L’ouvrage est ainsi structuré: 1° la partie liminaire (dédicace à Alan Heureux, sommaire, liste des quatre-vingt-onze illustrations, préface, remerciements, introduction), 2° la partie centrale (sept chapitres), 3° la partie complémentaire (notes, bibliographie, index).

L’auteure débute sa préface par des considérations générales sur les cartes et la cartographie: «Maps depict real and imagined spaces. […] Mapping practices depict real and imagined places, as well.» Ensuite, elle souligne l’apport singulier de son étude en fonction de l’œuvre d’Antonio García Cubas: «The study of García Cubas’s works requires a holistic assessment of how a newly independent Mexico came to map itself within the broader history of mapping.» Enfin, elle présente un aperçu de l’introduction et des sept chapitres du livre.

L’introduction présente les fondements théoriques et méthodologiques de l’étude menée par Magali M. Carrera. L’auteure énonce d’abord ce constat: les cartes et images afférentes produites par García Cubas dérivent de pratiques cartographiques et de traditions picturales antérieures, mais elles sont aussi et surtout influencées par le développent d’un nouvel imaginaire apparu à la fin du 18e siècle et au cours des soixante premières décennies du 19e siècle. L’auteure passe ensuite en revue l’historiographie de l’histoire de l’art, de l’histoire de la cartographie et des études sur la culture visuelle dédiées au Mexique du 19e siècle. Elle s’attarde particulièrement à la réinterprétation des cartes depuis les années 1980, à la suite de la publication de l’ouvrage The History of Cartography (Harley & Woodward). L’auteure situe son étude de l’œuvre de García Cubas dans ce contexte de culture visuelle renouvelée. Cette nouvelle vision est abordée longuement dans la seconde section de l’introduction.

Les deux premiers chapitres présentent une rétrospective de la cartographie européenne du territoire mexicain depuis le 16e siècle jusqu’au milieu du 19e siècle. Le chapitre initial porte sur les cartographes français, hollandais et anglais, alors que le suivant traite des cartographes espagnols.

Dans le premier chapitre, l’auteure aborde à la fois les œuvres cartographiques et imaginaires qui rendent compte et scénarisent l’Amérique au 16e et 17e siècle: le cabinet de Côme de Médicis, la redécouverte de Ptolémée, l’invention de l’imprimerie, les voyages de découvertes, les atlas d’Ortelius, Mercator et Blaeu, le planisphère (1674) de Sanson, le frontispice (1757) de l’atlas de Vaugondy. La seconde section du chapitre traite de l’objectivation de l’histoire naturelle de l’Amérique au 18e siècle: la classification scientifique de Linné, les écrits de Buffon, Raynal, Pauw, Robertson et du Montréalais Jacques Grasset de Saint-Sauveur. Ces diverses constructions cartographiques et imaginaires de l’Amérique perdureront, mais elles seront remises en question au 19e siècle.

Le chapitre 2 met en relief les buts spécifiques de la cartographie espagnole et le rôle attribué à la Casa de la Contratación. L’auteure décrit notamment, pour le 16e siècle, les cartes de Juan de la Cosa et Juan López de Velasco, les écrits d’Oviedo y Valdés et López de Gomara, les questionnaires royaux (1530-1812) et les enquêtes du médecin Fernando Hernández. Au 17e siècle, les investigations furent moins intenses: l’histoire générale d’Herrera y Tordesillas, le questionnaire de 1604, la pharmacopée. L’auteure s’attarde davantage sur le 18e siècle: le changement de dynastie, les recommandations de Campomanes, l’intensification des questionnaires, la synthèse documentaire de Villaseñor, les tableaux peints typiques de la Nouvelle-Espagne, la carte (1767) d’Alzate de Ramirez, les antiquités et fouilles archéologiques. Ces diverses réalisations reflètent graduellement un sentiment propre au Nouveau Monde, distinct de celui de la mère patrie espagnole.

Le chapitre 3 est consacré aux voyageurs et explorateurs européens au Mexique dans la première moitié du 19e siècle. Leurs récits et illustrations sont caractérisés par leur méthodologie oculaire et leur stratégie basée sur les contrastes (opposition et intensification). L’apport d’Alexander von Humboldt occupe une place imposante, soit plus de seize pages: voyages, récits, illustrations (graphiques), cartes et rayonnement durable. D’autres contributeurs sont ensuite évoqués: William Bullock, Claudio Linati de Prévost, Karl Nebel, Jean-Frédéric Waldeck, Pedro Gualdi, John Lloyd Stephens, Frederick Catherwood, William Hickling Prescott, Corydon Donnavan, John Disturnell et Karl Sartorius. La conclusion de l’auteure à la suite de cette rétrospective: «Mexico was not so much a place as a journey that required no travel.»

Le chapitre 4 porte sur la nouvelle constitution de l’imaginaire mexicain (1810-1860). C’est dans ce contexte postcolonial que García Cubas a élaboré sa vision de la nation mexicaine et de l’État mexicain. Plusieurs aspects sont abordés: la figure féminine allégorique de la nation émergente, une œuvre de fiction de Bustamante, le rôle identitaire joué par des institutions (Musée national du Mexique, Académie Saint-Charles, Société mexicaine de géographie et de statistiques), l’utilisation de la lithographie et de la photographie (daguerréotype) favorisant le rayonnement de la culture populaire et savante, les répercussions de la Guerre américano-mexicaine (1846-1848).

Au début du chapitre 5, l’auteure esquisse la carrière et la personnalité de García Cubas dans le contexte de l’affirmation nationale des Mexicains au cours de la première moitié du 19e siècle. Ses propos sont notamment basés sur les mémoires du célèbre géographe. La première carte de García Cubas, la Carta general de la República Mexicana (1863), a été dressée en réaction aux lacunes de la carte de John Disturnell ayant servi à l’élaboration du Traité de Guadalupe Hidalgo (1848), la Mapa de los Estados Unidos de Méjico (1847). L’auteure analyse ensuite la composition et la signification de l’Atlas geográfico (1858), dont la description détaillée de la Carta general de la República Mexicana:


L’intervention militaire et politique de la France (1861-1867), sous le règne de Napoléon III, est ensuite relatée. Dans ce contexte, l’auteure décrit la Carta general de la República Mexicana dressée par Antonio García y Cubas en 1863. La popularité des photos de portraits en studio se répand à cette époque, notamment avec les photographes François Aubert, Antíoco Cruces et Luis G. Campa. Les photos constitueront une importance source documentaire pour García Cubas au cours des décennies suivantes. La dernière partie du chapitre est dédiée à l’intensification du nationalisme mexicain à travers des œuvres visuelles, dont The Republic of Mexico in 1876. L’auteure a inséré dans cette longue séquence descriptive une carte ethnographique et plusieurs planches tirées du livre de García Cubas. Un ouvrage collaboratif, avec Casmiro Castro, sur les chemins de fer mexicains, est aussi analysé. L’auteure conclut ce chapitre sur les visées nationalistes et modernistes de García Cubas, tout en soulignant l’absence des points de vue des Amérindiens et des femmes dans ses œuvres.

Après un survol du régime autoritaire de José de la Cruz Porfirio Díaz Mori (1876-1911), le chapitre 6 présente trois œuvres nationalistes produites par Manuel Rivera Cambas, Vincente Riva Palacio (collectif) et Antonio García Cubas. L’auteure analyse à la fois l’orientation, le contenu et les frontispices de ces histoires nationales. L’analyse de l’Atlas pintoresco é historico de los Estados Unidos Mexicanos (1885), par García Cubas, est la plus élaborée (vingt-cinq pages): contexte (cinq publications entre 1884 et 1889), survol et sommaire (treize cartes thématiques illustrées par des données statistiques et des scènes imagées), description détaillée de chaque planche, interprétation globale (plusieurs niveaux de lecture). Soulignions un passage de cette analyse approfondie: «This atlas structure makes connections between previous visual constructions of Mexico and contemporary visualizations, which seem stabilized and naturalized by the chimecal truth of cartography. [García Cubas] effectively connects and narrates images and imagery through various itineraries.» Cette étude magistrale est complétée par la présentation des dernières publications de García Cubas et l’analyse de sa photo publiée dans l’introduction d’El libro de mis recuerdos (1904). Deux thèmes récurrents retiennent l’attention de l’auteure à la fin du chapitre: la place traditionnelle de la femme au foyer et la figure allégorique de la femme symbolisant le Mexique.

Le dernier chapitre est consacré aux festivités du centième anniversaire de l’indépendance du Mexique: «Through the numerous events, activities, and performances of this grand celebration, the Mexicos envisioned by Antonio García Cubas came to life. The Centenario celebration was a synthetic moment. Through an examination of its content and structure, we may observe the impact of the mapping practices of the nineteenth century. This is to say, the Centenario celebration provides summation of Mexico’s nineteenth-century visual culture traced in this study.» Cette citation reflète le contenu du chapitre conclusif et le but de la monographie.

Appréciation

Le livre de Magali M. Carrera est le fruit d’une recherche prodigieuse et remarquable, comme en témoigne l’abondance des notes (plus de cinq cents) et la volumineuse bibliographie des sources primaires et secondaires (quarante pages). C’est aussi l’expression d’une réflexion novatrice, exemplaire et concomitante sur les arts visuels et la cartographie du Mexique (1500-1910). Par ailleurs, le style de l’auteure, la structure de l’ouvrage, la richesse du contenu documentaire et les fines analyses des illustrations rendent captivante la lecture de cette étude phénoménale.

Quel voyage sensationnel!

Référence

Carrera, Magali M. - Traveling from New Spain to Mexico: Mapping Practices of Nineteenth-Century Mexico. - Durham (Caroline du Nord): Duke University Press, 2011. - 352p. - ISBN: 978-0-8223-4991-4. - [Citations, p. xv, xiii, xiv, 108, 222, 233]. - BAnQ: à venir.

Carte

Carta general de la República Mexicana (1858) - Carta general de la Republica Mexicana formada para el estudio de la configuracion y division interior de su territorio. Imp. litog. de H. Iriarte y Ca., calle de Sta Clara no. 23. J.M. Munozguren litografia. Imprenta de Lara, Entrega 16a. (Text and tables surrounding map) Cuadro geografico y estadistico de la Republica Mexicana, por Antonio García y Cubas. - [David Rumsey Historical Map Collection].

Lectures complémentaires

Carrera, Magali M. - «Creole Landscapes». - Dans Dym, Jordana; Offen, Karl; dir. - Mapping Latin America. A Cartographic Reader. - Chicago: The University of Chicago Press, 2011. - xx, 338p. - ISBN 978-0-226-61822-7 - P. 110-113. - [Reproduction de la Nuevo mapa geographico de la America septentrional espanola (1767), dressée par José Antonio de Alzate y Raminez, p. 110 / Version ultérieure disponible dans Gallica: Nuevo mapa geographico de la America septentrional (1768)].

Craib, Raymond B. - «Historical Geographies». - Dans Dym, Jordana; Offen, Karl; dir. - Mapping Latin America. A Cartographic Reader. - Chicago: The University of Chicago Press, 2011. - xx, 338p. - ISBN 978-0-226-61822-7 - P. 153-158. - [Analyse et reproduction de deux cartes d’Antonio García Cubas: Carta general de la República Mexicana (1858), Los Insurgentes (1891)].
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Livres numériques gratuits

La Carta general de la República Mexicana (1863), dressée par Antonio García y Cubas, est reproduite et analysée dans la Grammaire de la carte. Par ailleurs, plusieurs cartes du continent américain sont référencées dans les deux autres livres: Anciennes cartes géographiques et Atlas du Québec.

La Grammaire de la carte présente les principaux éléments de la carte en vue de favoriser l’observation, l’étude ou l’analyse d’anciennes cartes géographiques: définition, support, contour, cartouche, orientation, grille, projection, échelle, toponymie, topographie, légende, illustration, commentaire, carton, thème. Compléments: cinq synthèses, liste des cartes, bibliographie, notice sur l’auteur.

Le répertoire Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

L'Atlas du Québec compte trois parties. La première contient un répertoire de cartes et plans relatifs au Québec couvrant cinq siècles. La deuxième est un guide d’interprétation d’anciennes cartes géographiques selon trois étapes: observation globale de la carte, analyse de ses éléments et élaboration d’une synthèse. La troisième présente quelques descriptions de cartes exemplaires.

01 mars 2015

La Révolution française (Historia-Ubisoft)

Une publication soignée et richement documentée sur un événement marquant de l’histoire occidentale: La Révolution française. La mise en page est exemplaire, les illustrations captivantes et abondantes.

Le livre est constitué de quatre parties. La partie liminaire: l’avant-propos par Victor Battagion, les notices sur les auteurs, le sommaire, une galerie de portraits, une chronologie (1775-1799), le plan de Paris. La partie centrale, la plus considérable, compte cinq sections subdivisées en chapitres: Le temps des révolutions, Le trône de France vacille, L’heure des concessions, La Terreur, Liberté, égalité, fraternité... Unité? Le chapitre transitoire: une entrevue avec Alexadre Amancio. La partie complémentaire: les secrets de fabrication du jeu vidéo Assassin’s Creed Unity.

Les pages initiales permettent au lecteur de s’approprier les principaux acteurs, les dates clés et les sites parisiens de la Révolution française. Dès cette présentation, le lecteur prend conscience du caractère synthétique et visuel du livre reconstituant le cadre et le déroulement de la Révolution française. Le ton est donné!

Les révolutions anglo-saxonnes sont relatées dans la première partie de l’ouvrage: la Glorieuse Révolution d’Angleterre (1625-1689), la Guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique (1763-1783). Signalons une erreur dans le récit du professeur d’histoire Bertrand Van Ruymbeke. Contrairement à ses dires, la France possède les territoires nord-américains de Saint-Pierre et Miquelon après le Traité de Paris de 1763.

Les parties suivantes racontent les prodromes de la Révolution française, les péripéties révolutionnaires et les épisodes postrévolutionnaires. À cet égard, le chapitre intitulé La faune d’un Paris révolutionnaire, par le professeur d’histoire Jean-Clément Martin, est exemplaire.

Plusieurs encadrés thématiques sont insérés ici et là. Par ailleurs, les récits sont souvent émaillés d’anecdotes et de citations percutantes.

L’entrevue avec Alexandre Amancio, directeur créatif et artistique du cinquième épisode de la série Le Crédo des Assassins, porte sur le choix de la Révolution française (1789-1794), la quête du personnage central, la reconstitution du Paris révolutionnaire, les artisans de la conception, la dimension pédagogique et les innovations du jeu vidéo.

La dernière partie, intitulée Les arcades du jeu, nous donne de précieuses indications sur l’élaboration et la production du jeu vidéo: la reconstitution des monuments historiques de Paris, dont l’église Notre-Dame, des illustrations de la capitale française au Moyen Âge, à la Belle Époque et sous l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, les choix éditoriaux d’Ubisoft. Les notices biographiques de quatre artisans d’Ubisoft complètent cette rubrique.

Un livre fascinant!

Référence

Clerget, Philippe, directeur de la publication; Baron, Pierre, directeur de la rédaction. - La Révolution française, du chaos à l’unité: Assassin’s Creed Unity. - Paris: Historia / Ubisoft, 2014. - 112 + xvi pages. - ISBN 979-1090956-32-2. - Bibliothèques de Montréal et BAnQ: 944.04 REVO et 944.04 R4548 2014.

Sur la Toile

Plan de la ville et de la banlieue de Paris (Louis-Joseph Mondhare, 1790)
Plan du Champ-de-Mars (Meusnier et Gauche, 1790)
Royaume de France divisé en 83 départements (C.-E. Delamarche, 1790)
Saint-Pierre et Miquelon (Jacques-Nicolas Bellin, 1763)
Traité de Paris (Texte intégral, 1763)

Article connexe

Ubisoft Montréal - Le crédo des Assassins

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Livres numériques gratuits

Le répertoire Anciennes cartes géographiques recense les meilleures collections numériques d'anciennes cartes géographiques en libre accès, des ressources connexes, une sélection de documents cartographiques et une bibliographie. Les documents recensés dans les collections peuvent souvent être redimensionnés, imprimés ou téléchargés. Selon des modalités diverses, ils peuvent parfois être aussi libres de droits.

L'Atlas du Québec compte trois parties. La première contient un répertoire de cartes et plans relatifs au Québec couvrant cinq siècles. La deuxième est un guide d’interprétation d’anciennes cartes géographiques selon trois étapes: observation globale de la carte, analyse de ses éléments et élaboration d’une synthèse. La troisième présente quelques descriptions de cartes exemplaires.

La Grammaire de la carte présente les principaux éléments de la carte en vue de favoriser l’observation, l’étude ou l’analyse d’anciennes cartes géographiques: définition, support, contour, cartouche, orientation, grille, projection, échelle, toponymie, topographie, légende, illustration, commentaire, carton, thème. Compléments: cinq synthèses, liste des cartes, bibliographie, notice sur l’auteur.